La suppression des partis politiques comme condition de la contestation sociale - Lectures autour de Simone Weil
Conférence de Nathalie Calmès-Cardoso, professeure de philosophie, dans le cadre du séminaire du GRAPhiS : Groupe de recherche d’Alsace en philosophie sociale
Au sujet de La note sur la suppression générale des partis politiques, écrite par Simone Weil en 1940, André Breton écrit :
« Il va sans dire qu’une telle suppression (c’est pourquoi je préfère l’expression « mise au ban ») ne saurait sans dénaturation absolue résulter d’un coup de force : elle ne peut se concevoir qu’au terme d’une assez longue entreprise de désabusement collectif. »
Le temps de cette « mise au ban » est-il venu ? Nous sommes-nous suffisamment enfoncés dans le « désabusement collectif » pour faire de la suppression des partis politiques la condition de la contestation sociale ?
Une telle interrogation constitue déjà en elle-même une forme de contestation, puisqu’elle accepte d’affronter les accusations d’atteinte à la démocratie qu’elle ne manquera pas de susciter. En effet, il est communément admis que les partis politiques contribuent à la vie publique, en assurant différentes missions essentielles, telles que l’expression des suffrages, l’encadrement de l’offre politique, le lien entre les citoyens et l’État, l’éducation citoyenne…
On ne saurait pourtant ignorer la crise sévère qui touche un grand nombre d’appareils politiques, dans toute leur verticalité, inspirant la défiance populaire. Cette crise est-elle véritablement conjoncturelle ou bien révèle-t-elle l’incapacité fondamentale des partis à contribuer au fonctionnement de la démocratie ?
La réponse de Simone Weil est cinglante, sans appel : les partis politiques sont des formes d’organisation sociale oppressives qui, par une inversion des moyens et des fins politiques exercent une pression sur les pensées individuelles et fabriquent de la passion collective.
Leur suppression est ainsi la condition préalable, non seulement à toute contestation sociale mais plus généralement à tout mécanisme démocratique.
Simone Weil dans ce petit texte lance un appel à la pensée libre, capable de remettre en cause l’ordre établi, de critiquer les institutions existantes et l’idéologie dominante, en choisissant le mode politique de la coopération et non celui de l’adhésion.
Lieu : collège doctoral européen
Adresse : Boulevard de la Victoire
Ville : Strasbourg
Quartier : Quartier Esplanade/Campus
Département : Bas-Rhin
Région : Grand Est
Pays : France
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